
"Dolor" de Catel et Paringaux
Paco Serrat est enterré misérablement dans le cimetière de Saint-Ouen, en présence de sa fille Dolorès, et sous une pluie drue. Un père alcoolique que Dolorès ne pleure pas, refroidie par une enfance abandonnée, et que la profession de fait-diversière à la radio a achevé de blaser. Puis une femme lui confie une enveloppe, des photos de son père, et son journal intime, ce qui pourrait être le début d’une confession, ou au moins une explication : pourquoi cet homme a-t-il largué sa femme et sa fille pour se réfugier dans l’alcool, dans les années 1960, et portait-il un fardeau excusable? Dolorès ne croit pas trop en une rédemption possible, mais mène l’enquête dans le milieu cannois, terre d’enfance de son père, croise des parrains redoutables, des salauds jaloux, entrevoit le souvenir d’une actrice, Mireille Balin, qui a réellement existé (elle a flirté avec Jean Gabin dans « Pépé le Moko », et également avec Tino Rossi), mais qui a fini elle aussi dans l’alcool, après avoir été marquée du sceau de l’infamie à la Libération.
On s’en va doucement vers la vérité, d’un cimetière à l’autre, en suivant la belle Dolorès, « Dolor », et en découvrant avec elle la vérité sur un père méconnu. En fin d’ouvrage, huit pages reviennent sur la trajectoire tragique de Mireille Balin, étoile filante dont personne n’aurait le souvenir sans ce très bel album.
BD A PAR